WOMEN AMONG THE HORSES

 Période de production : 2010

WOMEN AMONG THE HORSES
(Les femmes parmi les chevaux)

« Les quatre femmes sont revenues.
Cent onze années durant, elles ont poursuivi les quatre cavaliers de l’Apocalypse à travers les mondes. Elles les ont vaincus.
Derrière elles, en silence, avancent les chevaux…

Mais les humains ont disparu. Tous.
Tous, sauf une femme.
Une femme restée là, à attendre le retour des guerrières.
Perdue entre le temps et le sens, en un lieu depuis longtemps orphelin de nature… »

Ces mots pourraient ouvrir un vieux livre de mythes matriarcaux, ou naître d’un murmure beckettien, entre la fin et le recommencement.
Avec une ironie douce, ils glissent le long des murs du théâtre, avant que les cinq danseuses de My Lovely White Dog n’apparaissent.

Ce n’est pas une pièce qui cherche à plaire.
C’est un cri  — une danse rugueuse, lucide, profondément politique.
Un poème en mouvement sur l’oubli, la rupture entre l’humain et le vivant, sur ce qui se perd quand la mémoire s’efface : l’identité, les racines, les liens.

Mais c’est aussi un monde d’images étranges et sublimes, sculptées dans un langage chorégraphique intense, organique, imaginé par Nathalie Larquet et porté par ses interprètes.
Des gestes qui bruissent comme des feuilles mortes, qui cognent comme un cœur exilé, qui rêvent d’un autre avenir.

Ce travail veut redonner foi.
Car, dit-on, « la chose la plus belle qui soit, c’est d’ôter la peur à un cheval et de gagner sa confiance —
car ce sont eux, les porteurs d’âmes… »

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WOMEN AMONG THE HORSES
NUIT D’HIVER GLACÉE

Women Among the Horses, de la compagnie My Lovely White Dog, dans l’ancienne Wachsfabrik.

Par une nuit d’hiver profondément enneigée, loin du centre-ville, la Wachsfabrik repose, silencieuse. L’atmosphère est féerique, presque irréelle – mais on y ressent aussi l’hostilité d’un paysage où, sans abri, il serait impossible de survivre longtemps. C’est dans cette froideur hivernale que résonne la performance chorégraphique Women Among the Horses, conçue par Nathalie Larquet.

La scène s’ouvre sur une femme vêtue de clair, assise seule à côté d’une selle de cheval, plongée dans l’obscurité. Un rideau suspendu à une fenêtre s’écarte : une lumière blanche, dure, découpe brutalement le tableau. Quatre autres femmes, toutes en noir et les yeux bandés, entrent en scène. Elles avancent à tâtons, murmurant des paroles incompréhensibles, comme perdues dans un monde qui ne répond plus.

Au milieu d’elles, la femme initiale danse une gestuelle désespérée. Elle s’effondre au sol, lève ses membres dans un effort tragique, incline la tête, se dresse sur les genoux, secoue son torse avec un visage impassible. Que lui est-il arrivé ? Que porte-t-elle en elle ? La scène est sombre, énigmatique, imprégnée d’un mystère opaque.

Des images étranges surgissent comme des apparitions : l’une des femmes entre avec une souche d’arbre dans laquelle est planté un couteau ; une autre trace de grands cercles au sol à l’aide d’un long bâton de bois ; une troisième peint ses lèvres en rouge, puis embrasse ses propres jambes dans des poses provocantes. Chacune danse seule, dans son propre monde. Le contact entre elles est rare, presque inexistant. Les corps semblent enfermés, piégés en eux-mêmes, condamnés à errer sans but.

Le langage chorégraphique – signé Nathalie Larquet, également interprète – est d’une force saisissante, porteur d’une tension permanente. Une vidéo projetée en début de performance (comme le programme) éclaire le propos : c’est une réflexion sur la fin d’un monde, l’éloignement croissant de l’humain vis-à-vis de la nature, la perte d’identité et de mémoire. De grands thèmes abordés non par des réponses, mais par des images puissantes, denses, évocatrices.

Le décor est minimal : principalement des feuilles mortes dans lesquelles les danseuses se roulent, s’enlacent, se dispersent. Un lieu austère, perdu, hivernal, presque fantomatique — une sorte de monde parallèle poétique et mélancolique.

Mais au final, une lueur d’espoir : l’une des femmes en noir pose doucement la main sur l’épaule de celle en clair, geste de réconfort silencieux. Et c’est avec cette étincelle de chaleur et de consolation que le spectateur est renvoyé dans la nuit glacée.

— Stephanie Torloxten

WOMEN AMONG THE HORSES

chorégraphie: Nathalie Larquet

danse: Elisa Marshall, Nathalie Larquet, I Fen Ling/Tsui Shuang Lai, Katharina Maschenka Horn, Reut Shemesh

compositions: Jürgen Grözinger

musique: Jürgen Grözinger, Sakamoto, Chopin, Patti Smith, Michael Gordon

textes: Peter Shaffer « EQUS » et Katharina Maschenka Horn

lumières: Klaus Dilger

costumes et scène: Nathalie Larquet

Première: Bühne der Kulturen / Cologne

Promoteurs & soutiens

Soutenu par le Ministère de la Culture et des Sciences du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le Bureau culturel de la ville de Cologne